Un carnet en 2016

Rêve

Rédigé le , publié le .

La nuit dernière, les cartes anciennes et l’histoire de la ville m’obsédant tellement ces derniers temps, que j’en ai rêvé. Je traversais mon quartier, presque de nuit au milieu de vestiges aujourd’hui disparus. Des chemins, des champs, quelques bâtisses. Je montrais à ma compagne ces lieux, tout en lui racontant l’histoire et ce que j’en avais lu sur la toile.

La modification opérée par l’être humain à la ville me fascine autant qu’elle m’effraie. Où ce passé a t-il disparu ? Pourquoi l’avons-nous englouti ? À quoi ressemblait ce monde ? N’ai-je pas rêvé ces cartes finalement ? Nous saccageons les espaces, physiques, mentaux.

Sur la route quotidienne du travail, j’emprunte parfois un chemin différent à vélo, guidé par ces cartes, à l’affût du moindre signe du passé. J’en trouve. Je recompose les cartes anciennes. Je mesure les distances. J’essaie d’en retrouver la dimensions physique, les lumières, les bruits, pour en appréhender l’existence, mais ça m’échappe. D’ici on devait certainement voir la Loire, après cette zone marécageuse en contrebas. Aujourd’hui des usines, une entrée de ville métallique et pleine d’essence, tout a disparu, sauf quelques pierres et un relief que l’on devine encore. La roche n’a pas été supprimée.

Cette histoire du terrain me fait aimer des lieux aujourd’hui totalement défigurés et dont peu de personnes ont connaissance. J’en aime le souvenir, fantasmé. Le sang coule toujours dans les mêmes veines, pleines de cicatrices, bitumées, et restent des traits et des mots, eux aussi déformés parfois. Une salle de sport à la place d’un hameau portant le même nom au 18e siècle, et personne ne s’interroge plus sur le sens de tout cela. De quoi hérite t-on ? En quoi cela nous modifie t-il encore en écho ? Pourquoi ici les mots n’ont-il pas changé, et pourquoi là, la mort d’un homme fait rebaptiser une place en quelques semaines seulement ? Symbolique, géopolitique à l’échelle banale d’une commune réfractaire à son rattachement à Nantes.