J’ai découvert ce jeu cet après-midi, en cherchant l’étymologie des mots que j’utilise au quotidien et que, bien souvent, je ne connais pas, ou mal. Le Wiktionnary français nous l’explique très bien :

Il s’agissait d’un jeu de troc mettant en rapport trois personnes (un médiateur et deux personnes souhaitant échanger chacun un objet). Les trois personnes déposent une somme forfaitaire dans un chapeau (d’où le nom du jeu). Le médiateur estime les objets et indique la somme supplémentaire qu’un des troqueurs doit payer pour que le troc soit équitable.
 Si l’échange se fait, ou ne se fait pas à cause du refus des deux troqueurs, la somme forfaitaire va au médiateur (car l’équité a été atteinte). Si le refus vient d’un seul des troqueurs, la somme forfaitaire est partagée entre les deux troqueurs (car l’équité n’a pas été atteinte).
 Par la suite le terme a été utilisé pour toute action visant à rendre plus équitable une confrontation, ce qui conduira à employer l’expression « être handicapé » en parlant des participants désavantagés au départ d’une course.

Il s’agit là de l’étymologie du mot handicap, (1827) De l’anglais handicap, lui-même issu de hand in cap (« la main dans la casquette »).

Partir d’un jeu pour arriver à décrire nos situations humaines aujourd’hui, n’est-ce pas là une belle histoire ?

La fin de la définition m’a également surpris :

Le sens médical apparaît vers 1950 ; le sens d’infériorité momentanée d’une collectivité par rapport à une autre en 1964.

Cette notion de handicap est finalement bien récente. Stéphane, à qui j’en parle sur I.R.C. me dit déjà connaître l’origine du mot. Je réalise finalement que très peu de monde (moi le premier, jusqu’à présent) sais que ce terme défini ce qui est relatif à une situation, pas un état. Stéphane me précise :

c’est pourquoi on parle de déficience (état permanent) et de handicap (état dépendant de la situation) […] avant on disait « invalides » […] y’a à peine 10 ans qu’on est passé de « handicapés » à « personnes en situation de handicap ».

Le mot tel que nous l’employons aujourd’hui, s’est éloigné de son sens initial qui signifiait égaliser les chances au jeu puis aux courses de chevaux (mettre un handicap sur le meilleur cheval pour que le plus mauvais ait les mêmes chances que lui). Il dit même l’exact opposé : est handicapé celui qui a le moins de chances, celui qui est désavantagé, invalide, déficient.

Lorsque je marche avec mon enfant ou avec ma grand-mère, que je ralenti mon pas parce que le leur est plus lent, leur souffle plus court, ou que je me penche vers eux pour me mettre à leur hauteur et leur parler près de l’oreille, c’est moi qui porte la charge — légère ― du handicap (parce que j’ai la force qu’ils n’ont pas encore ou plus), et c’est bien un moindre effort à vrai dire.

Handicap, invalidité, déficience. Je n’ai pas peur des mots et j’aime au contraire leur précision et leurs nuances. C’est ce qu’ils désignent que j’appréhende.