Avez-vous remarqué : à la carte des crêperies et pizzerias1, figure régulièrement la dénommée végétarienne. Au milieu du menu, entre la jambon-œuf-fromage et l’anchois-câpres, la Bigoudène et la Calzone, changement de champ lexical. On ne parle soudain plus des ingrédients ou d’une évocation poétique stimulant déjà les papilles, mais du régime alimentaire auquel le plat se rattache (le végétarisme donc). L’intention est louable ― proposer un plat convenant aux personnes respectant un régime végétarien ―, mais la forme est maladroite. D’autant plus que souvent, un peu plus haut sur la carte, vous aurez déjà croisé la quatre fromages ou la classique Margherita, tout aussi végétariennes que celle qui en porte le nom.

Bref, l’adjectif végétarienne n’éveille pas l’appétit, il ne fait pas rêver. Il est même presque désobligeant. Comme si on vous mettait sous le nez un plat dénommé l’hospitalier ou le cantine d’autoroute. Oui, vous avez déjà l’image en tête n’est-ce pas ? Imaginez encore que, pour rester dans le même champs lexical, on renomme tous les autres plats le carniste, l’omnivore ou le végane ? La carte aurait soudain une sale tête n’est-ce pas ? Bonne façon de couper l’appétit s’il en est. Et puis, la végétarienne de l’un n’est jamais composé de la même façon que celle de l’autre. Comment se fier à un tel nom ? Rares sont d’ailleurs celles qui contiennent des protéines (végétales), à l’instar de quasi toutes celles des régimes pesco-carnés.

Toutefois certains restaurateurs évoluent à ce sujet. Je pense à une chaîne de restauration rapide (non, pas les deux grosses enseignes auxquelles vous pensez) qui propose ses burgers aux noms identiques, mais en deux versions, l’une à base de protéines carnées l’autre végétales, préparés sur des plaques différentes, afin de ne pas mélanger ne serait-ce qu’une goutte de graisse animale dans le plat végétal.


  1. 0u autres enseignes de restauration rapide spécialisées hamburger.