Je contribue régulièrement à enrichir la carte OpenStreetMap. Mes centres d’intérêt sont divers et concernent les magasins et services et leurs horaires, les données historiques et culturelles (plaques commémoratives, statues, liaisons des éléments d’OSM avec Wikipedia, etc.), et bien évidemment, le vélo.

Ajouter des appuis-vélos, c’est sympathique. Derrière l’action de documenter, cela aide à mettre en évidence l’utilisation de ce mode de déplacement dans l’espace (ou de son manque).

Si nombre de cyclistes aiment contribuer au projet OSM, j’imagine que c’est peut-être aussi pour augmenter la visibilité du vélo dans les villes, et jouer des coudes, d’une certaine façon, avec la place qu’y occupe aujourd’hui la voiture (l’association nantaise de promotion du vélo ne s’appelle t-elle pas elle-même Place au vélo ?)

Et justement, si la place du vélo est de plus en plus visible sur OSM (qui d’ailleurs dispose d’une vue consacrée à ce mode de déplacement et d’un site, OpenCycleMap), en contrepartie, la place de la voiture n’y est à mon sens pas assez mise en évidence. Y figurent bien sûr les routes et les rues, les limites de vitesse, mais finalement assez peu de représentations des zones de stationnement (les surfaces de parking ou informations de stationnement le long des voies). Lorsque les parkings figurent sur la carte, ils contiennent peu souvent l’information de leur capacité (nombre de véhicules) ou de la portion consacrée aux personnes à mobilité réduite (mais aussi les emplacements réservés aux taxis ou services de villes, de leur statut gratuit/payant, privé/public, etc.). C’est en tout cas, à ce jour, le constat que je fais.

Enrichir la carte avec des zones de parking — d’autant plus pour un cycliste — est assez ingrat à vrai dire. Mais, comme je le disais plus haut, en contrepartie, cela peut servir à rendre encore plus visible l’espace physique qu’occupe la voiture dans notre environnement ; mettre en évidence la surface d’asphalte qui lui est consacrée (au détriment de celle du végétal et des autres usages possibles de l’espace), et ça, c’est intéressant !

Et si l’on veut se battre contre un modèle de société basé sur l’automobile, il me semble qu’il faut rendre ce modèle physiquement visible sur une carte. Il faut quantifier son emprise au sol, documenter la capacité de stationnement des villes (pour contre-balancer éventuellement les discours de ces dernières lorsqu’elle se drapent de vert au moindre arbre planté ; combien de mètres carrés goudronnés chaque année pour combien d’arbres plantés ?).

Et contribuer à cartographier l’espace sur OpenStreetMap, au-delà de la simple documentation, peut, par la suite, aider à mettre en évidence notre modèle de société et nos choix d’urbanisme.

Aussi, depuis quelques temps maintenant, j’ai entrepris de cartographier les zones de stationnement de voitures, car ce qui n’est pas documenté n’existe pas, comme dirait certains dans nos métiers informatiques

Ah, et puis accessoirement, documenter l’information consacrée à la voiture est aussi pratique pour… l’automobiliste ! Récemment, en vacances, l’application OsmAnd (basée sur OSM), m’a ainsi aidée à visualiser les stationnements d’une commune que je visitais. Grâce à ces informations, j’ai pu facilement trouver un emplacement gratuit à distance du centre-ville (et donc moins tourner en rond et circuler inutilement ; va savoir, ça aide peut-être à moins consommer de carburant ou tourner en rond le nez en l’air !).