179 onglets
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Vendredi soir. Nous ne sommes plus que deux dans les bureaux. Il est tard. La chaleur de la journée ne descends pas. J'expédie les dernières tâches. Ce soir je veux partir avec un bureau propre, tant le bureau physique que le virtuel. Une façon de me vider l'esprit et laisser un espace net derrière moi.
Je supprime certaines icônes de fichiers qui trainent au-dessus du fond d'écran. Reste à soulager Firefox des nombreux onglets que j'ai entassé au fil du temps, dans différents groupes (diabolique invention que celle des groupes d'onglets !). Comment tout archiver rapidement sans m'arracher les cheveux ? Sans passer par les favoris. Je n'en sais rien, lassitude. J'ouvre le tiddlywiki sur la clé usb pour y consigner manuellement chaque url. Au total, mes quelques 6-8 groupes représentent finalement… 179 onglets !
Comment en suis-je arrivé là ? Autant d'url réclamant mon attention, urgemment, d'articles exigeant d'être lus, ingurgités, digérés, réfléchis, partagés, consignés, pour rester dans la course, aussi, et puis rien, si ce n'est un gros tas d'onglets en attente, et un poids mental !
Encore ce fichu travers du web. Serge Tisseron, dans "Le mystère de la chambre claire" parle des photographies (à l'époque argentique) que les gens prennent et oublient de développer, le désir de prédation, de captation de la prise de vue étant satisfait, une façon de com-prendre le réel. Il me semble qu'il y a de ça aujourd'hui dans notre quotidien du net : collectionner les onglets, retweeter les informations, accumuler les read it later, les favoris, comme un acte d'appropriation, pour lui-même, sans forcément revenir sur cette montagne de lecture, sans forcément avoir vraiment lu, compris, au sens éthologique du mot.
J'ai donc fermé ces onglets, remis Firefox à zéro, gardé l'impressionnante liste de côté. Il doit y avoir une quinzaine de pages que je veux vraiment lire. Le reste est archivé "au cas où". Je ne le lirai peut-être jamais et ce ne sera pas plus mal !
J'ai commencé à mettre le nez sérieusement dans la méthode GTD. Je crois qu'elle peut m'aider à mieux faire face à ce flux incessant d'information, et surtout m'aider à laisser passer, laisser tomber beaucoup plus que je le le fais aujourd'hui et revenir au centre.
Ah, et puis je ne vous ai pas parlé des onglets de mon ordinateur personnel ! même punition évidemment.
Commentaires
Tiens j'ai le même souci, non pas avec les onglets mais avec des bookmarks "pour plus tard" dans un agressif dossier nommé "TODO" de ma barre personnelle.
De temps en temps, une façon de reprendre la main, je supprime tout sans lire. Idem dans mon agrégateur perso (où sont les copains et toutes les choses pas liées au travail) et pro (où est toute ma veille).
Là aussi, c'est une façon de garder le contrôle : quand j'ai trop de retard je trouve ça anxiogène. Et de toute façon ce qui est réellement important finit la plupart du temps par ressortir.
J'aime bien ton expression "rester dans la course", c'est exactement ça, dans ses deux sens : aussi bien ne pas être largué que continuer à courir.
Ah, apparemment, je ne m'en sors pas trop mal de ce côté là :
- j'ai organisé mes favoris en barre (pas cachés dans des menus) : c'est petit et constamment sous les yeux ; ça se verrait tout de suite, si ça débordait
- bien rangés en dossiers par préoccupations principales, c'est-à-dire par *trucs dont j'ai besoin* au boulot ou dans la vie : CSS, a11y, color, miam…
- dès qu'une page web me semble assez intéressante pour prévoir avoir besoin d'y revenir, je bookmarke dans l'un de ces dossiers
- si ça rentre pas dans les cases prédéfinies, c'est qu'il faut oublier :)
- je *synchronise* ces favoris à l'identique sur tous les postes et navigateurs, automatiquement et instantanément
- je (re)lis plus tard, plus précisément pile quand j'en ai besoin, puisque, bien rangées, je retrouve les pages quand il faut
- je supprime quelques bookmarks en passant, parce qu'ils sont vieux et périmés
et hop :)
Sinon, pour l'année à venir j'ai envie (sans doute besoin) de moins courir ; au final je crois que j'y perds plus que je ne gagne à vivre plus lentement et moins m'agiter.
@Tetue : intéressante ta technique, je la garde de côté pour inspiration.
Tiens, je réalise qu'au delà d'un certain nombre d'onglets ouvert (pas plus de 30 apparemment), je ferme tout, d'un coup d'un seul, pour repartir l'esprit léger. Tant pis si je perds une info utile : j'avais qu'à penser à bookmarker avant !