Je referme le livre No Impact Man, dévoré sur ces cinq derniers jours et qui, samedi, me tendait les pages sur l'étal des nouvelles acquisitions de la bibliothèque. Il y a environ deux ans, j'avais déjà eu vent de l'expérience que Colin Beavan avait entrepris et du blog qu'il tenait en guise de carnet de bord.

Sur une année, Colin, sa femme et leur petite fille, vivants en plein New-York, ont tenté de vivre en n'ayant aucun impact environnemental. Le livre retranscrit cette expérience. Colin y partage ses réflexions (scientifiques, philosophiques, existentielles même, et parfois religieuses) et ses doutes, ainsi qu'un bon nombre de références sur nos modes de vie et de consommation (celles des États-Unis surtout).

Son parcours, entamé sur une idée simple (que puis-je faire au niveau individuel pour sauver la planète, et jusqu'où puis-je aller ?) glisse doucement vers l'histoire d'un changement de vie et de valeurs, un éveil.

Le bouquin n'est pas un livre de recettes ni une description détaillée des trouvailles pratiques et concrètes de Colin pour arriver à un impact zéro. Pour cela je pense que le blog du projet est plus indiqué. Colin fait part de ses avancées, au lecteur d'engager les recherches s'il souhaite plus de détails.

Déjà sensibilisé à ces questions environnementales, je n'ai rien appris de vraiment neuf à travers cette lecture (quoique, certains points m'engagent à fouiller plus avant). Comme Colin, je me rase au coupe-choux depuis 2004, je fabrique ma lessive et n'utilise (pratiquement) plus de produits ménagers de synthèse ayant une action nocive sur l'eau et l'air que nous respirons. Nous les avons remplacés par du vinaigre blanc, du bicarbonate de soude, du savon noir, et des recettes de grand-mère éprouvées (les recettes, pas les grands-mères voyons !).

Nous compostons une bonne partie de nos déchets organiques à l'aide d'une équipe de vers surdoués, et tendons le plus possible de limiter les emballages inutiles (nous constatons mettre nos poubelles dehors deux fois moins souvent que nos voisins).

Notre téléviseur cathodique d'environ 15-20 ans a été réparé une fois pour prolonger son existence. Il est en fin de vie et montre désormais de grosses faiblesses, mais nous le regardons de moins en moins, donc…

Côté alimentation locale, nous retirons un panier local de légumes bio par semaine sur le chemin du travail (déplacement supplémentaire zéro !).

Lorsque nous roulons, c'est généralement lentement, régulièrement et en-dessous des vitesses limites. Oui, la voiture à 110km/h sur autoroute, c'est moi.

Comme Colin je trouve également que la nature ne devrait pas être une poubelle (les villes non plus !) et pense pouvoir agir beaucoup plus que je ne le fais actuellement sur ce point d'ailleurs.

Au final, les réflexions de Colin, plus que de me donner l'impulsion initiale si je n'étais pas encore conscient des problèmes – et il me semble que nombre de personnes ne le sont toujours pas –, viennent confirmer et renforcer la, ma nécessité intérieure d'agir encore plus assidument dans la direction que je crois bonne.

Pour clore ce billet plus long que ce que je présumais, quelques citations extraites du livre :

10 – Et puis j'ai reçu un message d'une fidèle lectrice de mon blog, Uma Padmanabhan, qui vit en Inde, dans lequel elle citait un passage de la Bhagavad-Gîtâ, le célèbre poème épique hindou : « Tu as droit à l'action, mais seulement à l'action, et jamais à ses fruits ; que les fruits de tes actions ne soient point ton mobile ; et pourtant n'autorise en toi aucun attachement à l'inaction. » Autrement dit : fais-le !

Voici ma théorie :
Avant l'avènement des transports motorisés, du portable et des cafés à emporter, il y avait des temps de pause entre les temps de stress. Vous aviez peut-être des rapports à présenter à votre chef, des invitations à honorer ou des discussions tendues avec votre petite amie. Mais entre ces moments, vous aviez du répit. Vous ne pouviez pas boire un café tout en téléphonant dans le taxi qui vous emmenait d'un rendez-vous stressant à un autre. Vous buviez votre café assis dans un bar. Sans téléphone pour troubler ce moment. Vous bénéficiiez de délicieuses périodes où vous pouviez décompresser.
Selon ma théorie, les boîtes mécanisées qui transportent nos cerveaux d'un endroit à un autre et les appareils électroniques portables grâce auxquels nous sommes joignables en permanence ont sonné le glas de ces délicieuses périodes qui interrompaient la course précipitée de chaque jour, comme un feu rouge interrompt temporairement la circulation. Nous n'avons plus le temps de souffler, Nous sommes continuellement sous pression.
Est-ce bon pour nous ? Est-ce propice au bonheur ?

— Ça fait peur d'avoir une vraie vie, me confie-t-elle. Alors tu la mets en sourdine et tu allumes la télé, qui te procure plein de sensations. Tu ne risques rien, tu te contentes de rester tranquille sur ton canapé. Avant, j'étais en hibernation. Maintenant que nous ne regardons plus la télé, je me réveille.

« Il n'y a rien de plus puissant qu'une idée qui se matérialise »

— Voilà la raison, me confie-t-elle.
— La raison de quoi ?
— La télé. Les bouquins. Le journal. Le shopping. Parfois, je n'ai pas envie de regarder la réalité en face. C'est trop dur. Comment tu fais, toi ?

Ce sont les personnes qui œuvrent pour ces organisations qui me confirment que l'environnementalisme, ce n'est pas essayer de consommer moins, mais tenter de donner plus de soi. Être écolo, ce n'est pas rentrer le ventre, c'est gonfler son cœur. L'environnementalisme n'est pas seulement une question d'environnement. C'est une question d'humanité. L'espoir d'une vie meilleure. (…) Il me dit qu'il faudrait plus d'arbres, plus d'enfants dans les rues, plus de gens assis sur les bancs. Il me parle de « rues vivables ». Il ne tient pas un discours « moins », mais un discours « plus ».

J'ai entrepris ce projet en me demandant si je pouvais faire quelque chose pour changer le monde. En fait, la question n'est pas là. La question est de savoir si je suis prêt à essayer.

Alors ? Qu'allez-vous faire ?